vendredi 17 juin 2022

Législatives 2022 : Gérard Poujade (Nupes)/Frédéric Cabrolier (RN) duel à risque

 

Ce dimanche, les électeurs de la première circonscription du Tarn sont appelés à choisir entre les deux candidats qualifiés pour ce second tour. Gérard Poujade (Union de la gauche) est en ballottage favorable d'une courte tête avec 530 voix d'avance sur le candidat du Rassemblement national, Frédéric Cabrolier. La logique voudrait que les électeurs, comme lors des élections présidentielles 2017 et 2022, ou la législative 2017, votent contre le candidat d'extrême-droite. Mais la faible participation d'une part et la polarisation de la vie politique nationale font peser de lourdes incertitudes sur l'issue de ce scrutin.

Le grand chelem ! Il y a dix ans, le parti socialiste pensait pouvoir faire main basse sur les trois circonscriptions du Tarn, dans la foulée de la victoire de François Hollande à la présidentielle. Jacques Valax a remporté la deuxième circonscription (Gaillac, Carmaux, Albi-Nord) sans difficulté. Linda Gourjade dans la troisième circonscription (Castres-Nord et Ouest, Lavaur, Mazamet) avait battu de 300 voix le député-sortant de droite Bernard Carayon. En revanche, dans la première circonscription (Albi-Sud est Est, Castres Sud et Est, Lacaune), Gérard Poujade avait échoué à prendre le dessus sur le député-sortant centriste Philippe Folliot pour environ 800 voix.

Depuis, la donne politique a changé. La République en marche a fait une razzia en 2017 sur les trois circonscriptions. A gauche, le leadership du parti socialiste s'est effrité. Gérard Poujade est un rescapé. Maire du Séquestre, il a quitté le PS en mai 2015, pour manifester son mécontentement vis-à-vis de l'action du gouvernement Hollande. Élu local, il n'a plus beaucoup fait parler de lui jusqu'à récemment, lorsqu'il a obtenu l'investiture de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Frédéric Cabrolier, d'abord FN puis RN, a été de toutes les élections locales sous les couleurs de ce parti.

Un second tour accidentel

Si ces deux hommes se retrouvent aujourd'hui en face à face au second tour de cette élection, c'est en partie au moins à cause de l'incroyable désunion du centre-droit pourtant très puissant localement. Pour mémoire, en 2017, Philippe Folliot avait écrasé le premier tour avec 14 404 voix, soit 7501 suffrage de plus que Frédéric Cabrolier, arrivé second, et malgré la présence à la troisième place d'un dissident marcheur, Pierre Laporte, pourtant crédité de 5841 voix. Irréconciliable après le quinquennat Hollande, les insoumis ont pris la quatrième place avec 4759 voix (Tenhinan Hadji) et PS (Patrice Bédier) à plafonné à 3904 voix. 


Le second tour avait tourné à l'avantage net du député-sortant Folliot (24 959 voix) face à Cabrolier (10 350 voix). A noter que la participation s'élevait à 54,52% au premier tour et 48,45% de participation au second.

Dimanche dernier, la participation était légèrement en baisse (53,78%) et les trois candidats de tête se sont tenus en un millier de voix. A 500 voix prêt, Gérard Poujade s'est qualifié en ballottage favorable, suivi de Frédéric Cabrolier, handicapé par la présence de Stéphane Bardy pour Reconquête. C'est la députée-sortante, ancienne suppléante de Philippe Folliot, Muriel Roque-Etienne, qui a le plus pâti de la division de son camp. En effet, Julie Capo-Ortega, 4e du scrutin, divers droite, a fait campagne sans étiquette mais a sans doute pris beaucoup de voix de l'électorat rural fidèle au désormais sénateur Folliot. Il faut y ajouter Roland Gilles, le candidat divers-droite de la mairie d'Albi ainsi que le dissident Horizon Johann Ricci. Peut être enfin, que le dissident socialiste, Etienne Moulin, a également pris à la candidate de la majorité présidentielle des électeurs du centre-gauche.


Un discret appel au barrage républicain

Contrairement aux deux dernières élections présidentielles, où le barrage anti-extrême droite a fonctionné, ce duel de dimanche dans la première circonscription n'est pas autant dramatisé (pas plus d'ailleurs que la triangulaire dans la deuxième circonscription dont pourrait profiter un autre candidat RN). Cette semaine, le président du conseil départemental Christophe Ramond, a appelé du bout des lèvres à voter contre l'extrême-droite, tout en refusant de soutenir les candidats insoumis dans la deuxième et la troisième.

La plupart des élus locaux ne se sont pas prononcés. Les consignes de vote sont aujourd'hui de moins en moins répandues. Quid du comportement des électeurs de droite ? Quid de l'attitude des électeurs de gauche ?

Voici les professions de foi postées par les deux candidats

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