samedi 23 novembre 2019

Flow control menacée de fermeture : quid de la responsabilité politique ?

Les organisations syndicales Flow Control à Saint-Juéry se mobilisent pour sauver leur outil de travail. Cette usine spécialisée dans la fabrication de robinets et de vannes pour l'industrie pétrolière, qui emploie 126 salariés, serait menacée de fermeture après le siphonnage de sa trésorerie par sa maison-mère.


L'usine Flow control technologies de Saint-Juéry appartient à l'héritage du glorieux passé industriel des forges et aciéries du Saut du Tarn. Quelques activités ont survécu à la liquidation de 1984 dont la conception de vannes pour l'industrie pétrolière. 

Dès lors, le développement de l'exploitation des gisements d'hydrocarbures offshore va permettre à "SDT Vannes" d'obtenir de précieux contrats avec des compagnies pétrolières. L'usine appartient à cette époque à une société irano-américaine. Elle est acquise au début des années 90 par le groupe Genoyer qui opère une concentration avec d'autres entreprises du secteur et créé Flow Control Technologies SA en 1994.

L'usine de Saint-Juéry qui s'est déjà taillée une solide réputation va tourner à plein régime, réalisant des robinets et vannes pour le monde entier en particulier pour des compagnies scandinaves. FCT appartient alors au top 5 mondial des producteurs de vannes. Flow Control Technologies réalise un chiffre d'affaire annuel de 100 millions d'euros avec des volumes de production conséquents, tant sur l'usine de Saint-Juéry, 2700 vannes par an, que sur celle de Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône (13 000 par an).

Un lent déclin après l'âge d'or

En l'an 2000, FCT est acquis par le conglomérat Tyco international. En 2012, la multinationale opère une fusion entre ses activités "vannes" et la société américaine Pentair. Puis en 2017, l'américain Emerson l'acquiert avant de la céder au français Altifort un an plus tard.

Si Flow Control Technologies est à l'heure actuelle l'un des trois fabricants au monde à pouvoir produire des vannes pétrolières géantes en acier et en fonte, son chiffre d'affaire a pourtant fondu. Selon Les Echos, il est ainsi passé de 57 millions d'euros en 2014 à 12 millions d'euros en 2018. Les effectifs sont descendus de 200 à 130 salariés. Dans le même article, la direction du groupe a promet de faire remonter le chiffre d'affaire avec l'obtention de nouvelles commandes et le développement de l'activité recherche et développement.

Cette semaine pourtant, La Dépêche (article abonné), explique que l'usine de Saint-Juéry en péril. Selon les représentants du personnel, lors de son acquisition, Flow Control Technologies disposait de plus de 10 millions d'euros de trésorerie pour faire face à un ralentissement de l'activité. Or, la holding du nouveau propriétaire, Altifort, aurait pompé cette trésorerie pour combler ses problèmes financiers. L'article nous apprend que les commandes se sont taries et que la société cherche à nouveau un repreneur.

En résumé : Flow Control Technologies est une entreprise au savoir-faire unique au plan international. Son activité est directement liée au marché fluctuant de l'industrie en hydrocarbures. Au fil des années, son chiffre d'affaire et ses effectifs se sont érodés à mesure que la société a été successivement rachetée. Plusieurs candidats à la reprise se seraient manifestés mais les salariés souhaitent un projet sur le long terme.


Urgence à se mobiliser collectivement

A la lecture de l'historique de la société et des facteurs qui ont conduit à la situation alarmante dans laquelle elle se trouve, les responsables politiques n'ont pas grand chose à se reprocher. La lente dégradation de l'état de santé de l'usine de Saint-Juéry semble due à des stratégies d'acquisitions pour des motifs exclusivement financiers, au mépris de la réalité économique de notre territoire.

Alertés par les organisations syndicales, c'est maintenant que les élus locaux ont un rôle important à jouer. Les emplois des 126 employés de Flow Control Technologies ne sont pas une goutte d'eau dans le modeste bassin d'activité du Grand Albigeois (22 629 salarié selon Grand Albigeois). Les élus de la ville de Saint-Juéry, de la C2A, du Département, de la Région et les parlementaires devraient interpeller les pouvoirs publics dès maintenant plutôt que de pousser des cris d'orfraie lorsqu'il sera trop tard.

Si l'on laisse jouer la concurrence, il n'est pas dit que le repreneur de FCT soit le plus vertueux, le mieux-disant sur le plan social. Au vu de la situation actuelle, l'entreprise ne peut pas encaisser une nouvelle acquisition opportuniste. Elle a besoin d'un investisseur prêt à s'engager dans la durée pour maintenir le savoir-faire de cette usine et sauvegarder l'emploi local.

Autre temps, autre mœurs, le chant du cygne du Saut-du-Tarn avait été le thème principal de la campagne des élections municipales de 1983 avec un gain électoral à la clé pour la majorité sortante, et finalement, le sauvetage de quelques activités encore présente sur la commune comme le fabricant de limes Auriou, l'ancienne Sofual, Atout-Fer, ou Flow Control Technologies.


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