dimanche 4 août 2019

Quatre mois après l'incendie, l'ex-Sofual soumise à de nouvelles normes de sécurité

C'était le mercredi 27 mars dernier en milieu d'après-midi. Un épais nuage de fumée s'échappait d'un site occupé depuis plusieurs décennies par une activité de recyclage de déchets d'aluminium, sur la route menant au pont d'Arthès. Selon les autorités, ce feu serait parti d'un dépôt à l'air libre de plusieurs tonnes de déchets de magnesium et d'aluminium, provoquant un dégagement de fumées jugées comme "non toxiques". Cependant, un périmètre de protection avait été instauré entraînant l'évacuation des employés de l'usine, des clients du magasin Carrefour surplombant ces locaux, ainsi que 18 riverains.

Le feu a finalement été éteint grâce à l'intervention d'une trentaine de pompiers qui ont utilisé du sable, et non de l'eau pour en venir à bout. Pendant les quatre mois qui ont suivi ce sinistre, l'activité de cette installation a été suspendue le temps de s'assurer que la population avoisinante et les employés ne risquaient rien, et que des moyens pour se prémunir d'un nouveau sinistre soient mis en place.

Entre temps, l'installation a fait l'objet de contrôles de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL). Mi-juin, ses agents ont remis un rapport à l'autorité préfectorale et formulé des propositions pour éviter la survenance d'un nouvel incendie, ou a minima, d'en réduire l'intensité. Sur la base de ces conclusions, la Préfecture du Tarn a donc ordonné par un arrêté rendu le 16 juillet la reprise de l'activité à condition que l'exploitant constitue une réserve de sable de 60 tonnes minimum pour pouvoir faciliter l'extinction du feu. De même, le Préfet a imposé davantage de rigueur en matière de réception et de stockage des déchets de magnésium. Jusqu'à maintenant, des bennes de copeaux ou de tournures de magnesium étaient réceptionnées dans des volumes irréguliers et conservéss dans une cour extérieure, à l'air libre. Désormais, l'entreprise ne pourra plus réceptionner que du magnesium sous emballage, selon des volumes unitaires inférieurs à 1m3 ou 300 grammes et conservés dans un local à l'abri des intempéries. Enfin, une étude qualitative sur les risques d'incendies de magnesium devra être communiquée aux autorités sous 6 mois.

 

Des nuisances qui ne datent pas d'hier


Dans les quelques articles (La Dépêche, France Bleu,...) réalisés au moment de la mise en liquidation judiciaire de la société SOFUAL, au début de l'année, le directeur de l'entreprise, Frédéric Bevierre évoquait avec amertume un carnet de commande désespéramment vide alors qu'ils avaient "répondus aux demandes environnementales sur le bruit et la fumée sur le site".

C'est que la question des nuisances provoquées par cette activité qui consiste à faire fondre des rebuts métalliques pour les revendre sous forme de lingots à des fonderies a longtemps été un sujet délicat sur lequel SOFUAL a mis énormément de temps à réagir. Au-delà de la préservation du cadre de vie alentour, la société a découvert, à ses dépens, en 2013, que les exigences en matière de sécurité étaient directement liées à la pérénité de l'entreprise. En effet, un premier incendie avait failli provoquer son dépôt de bilan.

Malgré la reprise de l'activité, le positionnement récent du gouvernement Macron contre les moteurs diésel a refroidit l'industrie automobile qui constituait le principal client de la SOFUAL. Au terme de la procédure collective, une société a déposé une offre de reprise : Eco Métal Recyclage Industrie. La nouvelle mouture du groupe Sobral, spécialiste de l'affinage de l'aluminium, détenue par la famille Lenne... anciens propriétaires de la SOFUAL.

Il est quand même malheureux que dans cette affaire, les propriétaires de la société n'aient consentis à renforcer la sécurité de leur installation qu'après un sinistre et la pression de l’État, d'autant que la liquidation judiciaire de la SOFUAL leur aura permis au passage, d'alléger la masse salariale de ce site.

Sources :
Communiqué de presse post-incendie
Arrêté préfectoral

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