Correspondants de presse à Saint-Juéry : ne pas leur en vouloir

Les correspondants de presse locale, qu'ils travaillent pour la Dépêche ou le Tarn Libre ont un rôle ingrat. Ils se substituent aux journalistes professionnels qui n'ont ni le temps, ni le goût de s'intéresser à l'actualité ultra-locale pour une bien maigre contrepartie et surtout des ennuis, en particulier en période électorale.


Et la foudre s'est abattue sur ce pauvre Alain Fabre (même s'il nous indique qu'il a le cuir solide). Fin de semaine dernière (7/02/20), la Dépêche et le Tarn Libre ont publié dans leurs colonnes un entrefilet (court article) donnant des informations sur la campagne de Jean-Paul Raynaud et illustré par une photo du maire-candidat, quelques colisiters et des membres de l'association Saint-Juéry Patrimoine, légendée "Rencontre avec des associations".

Cette publication a fait sortir de ses gonds Didier Buongiorno, n°2 du candidat David Donnez qui a dénoncé "une tromperie" sur les réseaux sociaux. "L'association Saint Juery patrimoine a été piégée par le rédacteur de l'article, qui cache son nom, mais qui est conseiller sortant, et sur la liste du maire candidat. Chacun aura compris, et c'est une pratique courante depuis de nombreuses années que de récupérer l'image des uns et des autres en induisant un soutien à monsieur Raynaud".

Des griefs qui peuvent s'entendre...

L'article est-il volontairement privé de signature ? Impossible de la savoir mais cette mauvaise pratique sur laquelle les titres de presse ferment les yeux rend l'auteur irresponsable de ses écrits. Même choses pour la photographie qu'Alain Fabre a reconnu être l'auteur. Le Tarn Libre a choisi de la créditer "Droits réservé", DR en abrégé, pour signifier qu'elle n'en connaît pas l'auteur. La Dépêche quant à elle a choisi de s'approprier le cliché en le créditant "DDM". Il est vrai que le choix de cette photographie pour illustrer un article qui évoque le début du "porte à porte" peut prêter à confusion.

Autre grief : la collaboration des titres de presse avec un correspondant local qui est également conseiller municipal délégué. Certains médias de presse régionale ont mis en place des chartes pour interdire ce cumul. Comment s'assurer que l'information délivrée est in-intéressée ? Cela pose un véritable problème de déontologie. Or, là encore nos journaux se satisfont de la situation.

Alain Fabre indique pour sa part que sa prolifiique collaboration avec le Tarn Libre (900 articles rien que pour l'année 2019) est désintéressée puisque bénévole. Mais rémunéré ou pas, c'est le cumul des fonctions qui interpelle.

... mais qui se trompent de cible

Pourquoi La Dépêche et Le Tarn Libre s’assoient ainsi sur les principes élémentaires de leur profession ? La réponse se trouve dans vos journaux où une part prépondérante des pages est noircie grâce à l'apport des correspondants locaux de presse. Contrairement aux journalistes professionnels, ils sont disponible en dehors des horaires de bureau, connaissent parfaitement le terrain et sont souvent très investi dans la vie de la cité. Du pain bénit pour une rédaction puisqu'ils ne coûtent pas non plus très cher et ne sont pas très susceptibles.

Pendant de nombreuses décennies, les ventes à l'unité des journaux papiers et surtout à l'abonnement suffisaient à faire vivre ces médias. Désormais, de nouvelles générations de lecteurs habituées à retrouver l'intégralité du journal en accès libre sur le net rechignent à souscrire à des abonnements. Alors pour monétiser cette audience, il ne reste plus qu'à faire appel aux publicitaires qui réclament en contrepartie du flux, soit toujours plus d'articles dont la rédaction va continuer à être déléguée à des correspondants dociles et peu coûteux.

Paradoxalement, ce système d'auto-nourrit puisqu'un article de rectification ou un erratum, est une source d'audience supplémentaire !