dimanche 12 janvier 2020

Déjà 10 ans d'attente pour la démolition-reconstruction de l'îlot Emile-Albet

Depuis 2009, le centre-ville de Saint-Juéry a considérablement
changé. Aménagements urbain et paysager ainsi que de nouveaux équipements ont permis de donner de la cohérence à ce morceau de ville coupé par des axes routiers et la voie ferrée. Mais la survie de l'îlot Emile-Albet, pourtant promis à la démolition, laisse aujourd'hui comme un goût d'inachevé.

La légende raconte qu'il s'agit du plus vieux HLM du département ! Édifié au milieu des années 50, l'immeuble de la place Emile-Albet, à l'instar des autres grands ensembles du centre-ville, a permis à Saint-Juéry de passer de 3500 habitants après-guerre à 5000 âmes vingt ans plus tard. Cette barre de 5 étages aux couleurs claires a été bâtie au dessus du Cinélux, cinéma ouvert en 1936, reconverti en salle de convivialité à sa fermeture début 70.

Situé à la croisée des avenues Germain-Téqui et Jean-Jaurès ainsi que de la côte Biscons, ce bâtiment est le centre de gravité du cœur de ville. Alors, lorsque Jacques Lasserre a décidé en 2008, de réaménager complètement le centre de Saint-Juéry, la municipalité a souhaité du nouveau pour la placette Emile-Albet. L'endroit a été choisi pour construire une nouvelle salle, le seul équipement public neuf prévu par les études de préfiguration réalisées par Dessein de ville, l'agence d'architecture mandatée par la mairie.



En novembre 2010, le conseil municipal de Saint-Juéry a donné un accord de principe à un échange de terrains entre Tarn Habitat et la commune. Saint-Juéry a alors cédé le terrain de l'avenue Emile-Andrieu situé face à l'école primaire René-Rouquier pour que Tarn Habitat y construise des logements. En échange, la commune a racheté au bailleur à l'euro symbolique la barre HLM de la place Emile-Albet.

Or, la commune qui comptait sur une participation du bailleur au coût de la démolition chiffrée à 300 000 euros, n'a pas obtenue ces financements. Enfin, la ville s'était engagée à traiter en priorité le relogement de tous les locataires et à la fin du mandat, en 2014, certains résidents ne s'étaient toujours pas décidés à faire leurs cartons. Malgré cet écueil, la municipalité a mené à son terme le gros du projet initial de réaménagement urbain du centre-ville avec succès.

Une opportunité pour la nouvelle municipalité

La nouvelle municipalité a donc hérité de ce projet. Jean-Paul Raynaud, siègeant par ailleurs au conseil d'administration de Tarn Habitat, a alors tenté de négocier avec des bailleurs dont l'office public de l'habitat du Département afin que la démolition ait un coût nul pour la commune. En juin 2015, encore deux locataires occupaient leur logement.

Au printemps 2016, la municipalité a communiqué au grand public son intention d'accélérer le projet et lancé des réunions d'information. Un accord a été trouvé pour le financement à 50-50 des études de faisabilité du projet entre la commune et Tarn Habitat. "Le périmètre est le suivant : le Cinélux, l'immeuble Albet et la maison des associations devant et derrière. Le Cinélux et la maison des associations appartiennent à la Mairie, L'immeuble ainsi que le parvis derrière appartiennent à Tarn habitat. Le devant appartient à la Mairie, pour mémoire, avant la rénovation du centre ville et la construction du parking, la rue passait à ras de l'immeuble", précisait l'adjoint Michel Marty, lors du conseil municipal du 13 juin 2016.

En mars 2017, à l'issue du vote du budget primitif, le maire a annoncé dans la Dépêche d'ici la fin de son mandat le démantèlement de l'immeuble de la place Emile-Albet [qui] conduira, au terme de [son] mandat, à la reconfiguration complète de cet espace. La municipalité a prévu une enveloppe de 300 000 euros pour le financement du projet.

Multiplication de couacs imputables en partie à la ville

Un premier report a été constaté à la lecture d'un article du magasine municipal de l'été 2017, dans lequel "Regard sur ma ville", a annoncé la programmation de l'opération (un immeuble pour sénior et couples T2 et T3, un second pour les familles T3, T4, deux commerces de 100 m2 chacun en rez-de-chaussée, une place et un parking), mais annoncé un calendrier remanié. "Nous sommes dans la phase finale de négociation avec Tarn Habitat, pour une livraison mi-2020".

Lors du conseil municipal d'octobre 2017, Jean-Paul Raynaud était alors aux anges. A Marc de Gualy, conseiller municipal d'opposition, membre de la majorité précédente, le maire n'a pas résisté à la tentation de se lancer quelques lauriers. "La répartition de 27 % pour la commune et 73 % pour Tarn Habitat n'est pas la situation qui a été trouvée à l'arrivée de la majorité. Les pourcentages étaient quasiment inversés. Mais, après un début des négociations assez tendues avec Tarn Habitat, ces pourcentages ont été inversés pour le plus grand bien financier de la commun".

Mais cette stratégie s'est révèlée à double tranchant lorsqu'au même moment, les mesures gouvernementales en matière de logement (diminution des APL, loi ELAN,...) ont affecté l'équilibre financier des bailleurs sociaux. Tarn Habitat a lors annoncé le gel de nombreuses opérations dont la place Emile Albet à Saint-Juéry.

Lors de l'ultime conseil municipal de 2017, une motion à l'initiative de la conseillère municipale d'opposition Blandine Thuel est proposée. Cette déclaration déplorait l'impact des choix budgétaires du gouvernement sur "le grand projet de Saint-Juéry, la destruction et la reconstruction à l’emplacement de l’immeuble Emile Albet, le plus vieil HLM du Tarn". Le maire a accepté que son groupe vote le texte mais demandé une formulation plus globale "sur les projets de Tarn Habitat", pour éviter "d'entrer en conflit avec le préfet à ce sujet" et mettre la présidence et la direction du bailleur "en porte à faux".

En octobre 2018, lors de la pose de la première pierre de la gare réaménagée, Jean-Paul Raynaud est une fois encore revenu à la charge : "le monde associatif y retrouvera des salles après la destruction, l'an prochain, du Cinélux et de la salle des associations de l'avenue Téqui courant 2019 pour le projet d'habitat collectif de la place Emile-Albet" (article La Dépêche).

Bilan des courses

A la rentrée 2019, Tarn Habitat a expliqué à la presse que son horizon financier s'est dégagé et que les programmes gelés allaient pouvoir être relancés. Cela dit, la présidente, Elisabeth Claverie a indiqué que la priorité va être mise sur les constructions neuves. Dernièrement, "le conseil d'administration de Tarn Habitat a acté la reprise du projet suite notamment à la mise en place de financements des démolitions par l'Etat et Action logement. Le calendrier sera fonction de l'obtention des aides", a expliqué la direction du bailleur.

Désormais, la municipalité annonce le lancement imminent de l'opération mais un élu de la majorité reconnaît que les premiers coups de pelle ne débuteront qu'après les élections. Si rien ne vient à nouveau perturber le bon déroulement d'un projet que l'on croirait maudit !

Même si ce projet a été initié par la majorité précédente, la municipalité actuelle a fait l'erreur de se croire, peut être par pêcher d'orgueil, à la fois maîtresse des horloges, tout en cherchant à tout prix à faire porter le poids de l'investissement à un tiers. Résultat, de nombreux habitants peinent à comprendre pourquoi la ville s'est dotée d'un complexe culturel tout neuf, au lieu de traiter en priorité la présence d'une friche en cœur de ville.















1 commentaire:

  1. Très bonne analyse de la situation.
    Il faut cependant ajouter les points suivants
    Les travaux de démolition et de construction vont paralyser fortement le centre ville pendant des mois.
    Il est clair que le maire candidat à voulu laisser passer les élections pour des raisons évidentes.
    D'autres part, la démolition du cinelux et de la maison des associations va entraîner la suppression de lieux de réunion très utiles à la vie associative, qui va pâtir de cette situation. La nouvelle salle de réunion de la Gare ne va durement pas compenser à elle seule la perte de ces trois salles de réunion idéalement situées au centre villeTrès bonne analyse de la situation.
    Il faut cependant ajouter les points suivants
    Les travaux de démolition et de construction vont paralyser fortement le centre ville pendant des mois, et faire souffrir le commerce local, déjà mal en point.
    Il est clair que le maire candidat à voulu laisser passer les élections pour des raisons évidentes.
    D'autres part, la démolition du cinelux et de la maison des associations va entraîner la suppression de lieux de réunion très utiles à la vie associative, qui va pâtir de cette situation. La nouvelle salle de réunion de la Gare ne va durement pas compenser à elle seule la perte de ces trois salles de réunion idéalement situées au centre ville.

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