Depuis 2009, le centre-ville de Saint-Juéry a considérablement
changé. Aménagements urbain et paysager ainsi que de nouveaux
équipements ont permis de donner de la cohérence à ce morceau de
ville coupé par des axes routiers et la voie ferrée. Mais la survie
de l'îlot Emile-Albet, pourtant promis à la démolition, laisse aujourd'hui
comme un goût d'inachevé.
La légende raconte qu'il s'agit du plus vieux HLM du département
! Édifié au milieu des années 50, l'immeuble de la place
Emile-Albet, à l'instar des autres grands ensembles du centre-ville,
a permis à Saint-Juéry de passer de 3500 habitants après-guerre à
5000 âmes vingt ans plus tard. Cette barre de 5 étages aux couleurs
claires a été bâtie au dessus du Cinélux, cinéma ouvert en 1936,
reconverti en salle de convivialité à sa fermeture début 70.
Situé à la croisée des avenues Germain-Téqui et
Jean-Jaurès ainsi que de la côte Biscons, ce bâtiment est le
centre de gravité du cœur de ville. Alors, lorsque Jacques Lasserre a décidé en 2008, de réaménager complètement le centre de
Saint-Juéry, la municipalité a souhaité du nouveau pour la placette
Emile-Albet. L'endroit a été choisi pour construire une nouvelle salle, le
seul équipement public neuf prévu par les études de préfiguration
réalisées par Dessein de ville, l'agence d'architecture mandatée
par la mairie.
En novembre 2010, le conseil municipal de Saint-Juéry
a donné un accord de principe à un échange de terrains entre Tarn
Habitat et la commune. Saint-Juéry a alors cédé le terrain de
l'avenue Emile-Andrieu situé face à l'école primaire René-Rouquier
pour que Tarn Habitat y construise des logements. En échange, la
commune a racheté au bailleur à l'euro symbolique la barre HLM de
la place Emile-Albet.
Or, la commune qui comptait sur une participation du bailleur
au coût de la démolition chiffrée à
300 000 euros, n'a pas obtenue ces financements. Enfin, la ville
s'était engagée à traiter en priorité le relogement de tous les
locataires et à la fin du mandat, en 2014, certains résidents ne
s'étaient toujours pas décidés à faire leurs cartons. Malgré cet
écueil, la municipalité a mené à son terme le gros du projet
initial de réaménagement urbain du centre-ville avec succès.
Une opportunité pour la nouvelle municipalité
La nouvelle municipalité a donc hérité de ce projet. Jean-Paul
Raynaud, siègeant par ailleurs au conseil d'administration de Tarn
Habitat, a alors tenté de négocier avec des bailleurs dont l'office public de l'habitat du Département afin que la démolition ait un coût nul pour la commune.
En juin 2015, encore deux locataires occupaient leur logement.
Au printemps 2016, la municipalité a communiqué au grand
public son intention d'accélérer le projet et lancé des réunions
d'information. Un accord a été trouvé pour le financement à 50-50
des études de faisabilité du projet entre la commune et Tarn
Habitat. "Le périmètre est le suivant : le Cinélux,
l'immeuble Albet et la maison des associations devant et derrière.
Le Cinélux et la maison des associations appartiennent à la Mairie,
L'immeuble ainsi que le parvis derrière appartiennent à Tarn
habitat. Le devant appartient à la Mairie, pour mémoire, avant la
rénovation du centre ville et la construction du parking, la rue
passait à ras de l'immeuble", précisait l'adjoint Michel Marty,
lors du
conseil municipal du 13 juin 2016.
En mars 2017, à l'issue du vote du budget primitif, le
maire a annoncé dans
la Dépêche d'ici la fin de son mandat le démantèlement de
l'immeuble de la place Emile-Albet [qui] conduira, au terme de [son]
mandat, à la reconfiguration complète de cet espace. La
municipalité a prévu une enveloppe de 300 000 euros pour le
financement du projet.
Multiplication de couacs imputables en partie à la ville
Un premier report a été constaté à la lecture d'un article du magasine municipal de
l'été 2017, dans lequel "Regard
sur ma ville", a annoncé la programmation de
l'opération (un immeuble pour sénior et couples T2 et T3, un second
pour les familles T3, T4, deux commerces de 100 m2 chacun en
rez-de-chaussée, une place et un parking), mais annoncé un calendrier remanié.
"Nous sommes dans la phase finale de négociation avec Tarn
Habitat, pour une livraison mi-2020".
Lors du conseil municipal d'octobre 2017, Jean-Paul Raynaud était alors aux anges. A Marc de Gualy, conseiller municipal d'opposition,
membre de la majorité précédente, le maire n'a pas résisté à la tentation de se lancer quelques lauriers. "La
répartition de 27 % pour la commune et 73 % pour Tarn Habitat n'est
pas la situation qui a été trouvée à l'arrivée de la majorité.
Les pourcentages étaient quasiment inversés. Mais, après un début
des négociations assez tendues avec Tarn Habitat, ces pourcentages
ont été inversés pour le plus grand bien financier de la commun".
Mais cette stratégie s'est révèlée à double tranchant lorsqu'au
même moment, les mesures gouvernementales en matière de logement
(diminution des APL, loi ELAN,...) ont affecté l'équilibre financier
des bailleurs sociaux. Tarn
Habitat a lors annoncé le gel de nombreuses opérations dont la place
Emile Albet à Saint-Juéry.
Lors de l'ultime conseil municipal de 2017, une motion à
l'initiative de la conseillère municipale d'opposition Blandine
Thuel est proposée. Cette déclaration déplorait l'impact des choix
budgétaires du gouvernement sur "le grand projet de
Saint-Juéry, la destruction et la reconstruction à l’emplacement
de l’immeuble Emile Albet, le plus vieil HLM du Tarn". Le
maire a accepté que son groupe vote le texte mais demandé une
formulation plus globale "sur les projets de Tarn Habitat",
pour éviter "d'entrer en conflit avec le préfet à ce sujet"
et mettre la présidence et la direction du bailleur "en porte à
faux".
En octobre 2018, lors de la pose de la première pierre de la gare
réaménagée, Jean-Paul Raynaud est une fois encore revenu à la charge : "le
monde associatif y retrouvera des salles après la destruction, l'an
prochain, du Cinélux et de la salle des associations de l'avenue
Téqui courant 2019 pour le projet d'habitat collectif de la place
Emile-Albet" (article
La Dépêche).
Bilan des courses
A la rentrée 2019,
Tarn Habitat a expliqué à la presse que son horizon financier
s'est dégagé et que les programmes gelés allaient pouvoir être
relancés. Cela dit, la présidente, Elisabeth Claverie a indiqué que
la priorité va être mise sur les constructions neuves. Dernièrement, "le conseil d'administration de Tarn Habitat a acté la reprise du projet suite notamment à la mise en place de financements des démolitions par l'Etat et Action logement. Le calendrier sera fonction de l'obtention des aides", a expliqué la direction du bailleur.
Désormais, la municipalité annonce le lancement imminent de
l'opération mais un élu de la majorité reconnaît que les premiers
coups de pelle ne débuteront qu'après les élections. Si rien ne
vient à nouveau perturber le bon déroulement d'un projet que l'on
croirait maudit !
Même si ce projet a été initié par la majorité précédente,
la municipalité actuelle a fait l'erreur de se croire, peut être par pêcher d'orgueil, à la fois
maîtresse des horloges, tout en cherchant à tout prix à faire porter
le poids de l'investissement à un tiers. Résultat, de nombreux
habitants peinent à comprendre pourquoi la ville s'est dotée d'un
complexe culturel tout neuf, au lieu de traiter en priorité la
présence d'une friche en cœur de ville.
Très bonne analyse de la situation.
RépondreSupprimerIl faut cependant ajouter les points suivants
Les travaux de démolition et de construction vont paralyser fortement le centre ville pendant des mois.
Il est clair que le maire candidat à voulu laisser passer les élections pour des raisons évidentes.
D'autres part, la démolition du cinelux et de la maison des associations va entraîner la suppression de lieux de réunion très utiles à la vie associative, qui va pâtir de cette situation. La nouvelle salle de réunion de la Gare ne va durement pas compenser à elle seule la perte de ces trois salles de réunion idéalement situées au centre villeTrès bonne analyse de la situation.
Il faut cependant ajouter les points suivants
Les travaux de démolition et de construction vont paralyser fortement le centre ville pendant des mois, et faire souffrir le commerce local, déjà mal en point.
Il est clair que le maire candidat à voulu laisser passer les élections pour des raisons évidentes.
D'autres part, la démolition du cinelux et de la maison des associations va entraîner la suppression de lieux de réunion très utiles à la vie associative, qui va pâtir de cette situation. La nouvelle salle de réunion de la Gare ne va durement pas compenser à elle seule la perte de ces trois salles de réunion idéalement situées au centre ville.