UG, DVG, EXG, ECO,... ces acronymes que les préfectures associent aux listes électorales en fonction de leur nuance politique devraient disparaître pour les villes de moins de 9000 habitants. Ainsi dans le Tarn, seulement 8 des 314 communes échapperaient à la circulaire Castaner (2,5% des communes mais également 40,7% de la population).
Avec 6818 habitants au 1er janvier 2020, Saint-Juéry pourrait donc être
dispensée de nuancier politique préfectoral. Mais qu'importe la
circulaire ! Ces élections n'échappent pas à la règle et font l'objet
d'instrumentalisation politique.
Certes, les trois tête de liste aujourd'hui déclarées défendent des projets d'initiatives locales et n'ont pas sollicité l'investiture ou le soutien d'une quelconque organisation politique, mais une autre constante réunit Dominique Baloup, David Donnez et Jean-Paul Raynaud. A Saint-Juéry-la-rose, il est encore de bon ton de se revendiquer "de gauche".
Alors pour pouvoir tirer son épingle du jeu, rien de tel qu'une campagne électorale disputée. Or, à deux mois du scrutin, les citoyens n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent. A ce jour, seul David Donnez a communiqué une profession de foi et dévoilé la totalité de ses colistiers. Jean-Paul Raynaud a d'abord choisi de distribuer son bilan de mandat mais sa liste que l'on promet complète dans son entourage, n'est toujours pas connue. Enfin, silence radio chez Dominique Baloup, candidat déclaré depuis plus d'un an, et qui doit en ce début d'année relancer sa campagne.
Passé le round d'observation, les équipes se préparent à entamer un sprint final. Jusqu'à maintenant, le camp Donnez trace sa route, et se refuse officiellement de jouer l'antagonisme avec ses concurrents, au point d'ailleurs de provoquer une réaction épidermique lorsque nous avons relevé dans un précédent article un soupçon de critique envers le bilan de maire-sortant.
Le camp du maire-sortant invective
Dans l'équipe de Jean-Paul Raynaud en revanche, on ne se fait pas prier lorsqu'il s'agit de décrédibiliser l'adversaire. Si les deux challengers en prennent pour leur grade sur les marchés et les réseaux sociaux, c'est à David Donnez et sa liste que le maire-sortant s'en prend le plus fréquemment. Depuis quelques semaines, il affirme que la liste Agissons Ensemble serait l'émanation locale du macronisme (photo d'illustration) !
Interrogée, l'équipe de campagne de Jean-Paul Raynaud ne souhaite pas faire de commentaire particulier mais invite à s'intéresser aux états de service d'une colistière de la liste concurrente : Isabelle Bettini. Il s'agit effectivement d'une militante active du parti La République en Marche qui anime par ailleurs le comité local LREM et s'investit dans le programme de formation des candidats aux élections. Cela dit, elle n'a jamais fait mystère de ses engagements.
Déclaration du candidat David Donnez
David Donnez lui-même, a tenu à dénoncer cette attaque caractérisée "Ma liste s’est construite sur un ensemble de
valeurs citoyennes qui n’ont strictement rien a voir avec aucun partis
politiques. C’est l’intérêt collectif qui a été
privilégié avec une dynamique forte sur l’écoute et la différence de
chacun pour construire un véritable projet du vivre ensemble. Je
crois qu’une ville à dimension humaine comme St juery nous votons avant
tout des femmes et des hommes bien plus que de vouloir enfermer ses
habitants dans des cases de couleur. Je ne suis ni
investi, ni soutenu, ni financé par aucun parti politique. Je suis
libre de toute pression extérieure et ma seule ambition concerne la
défense des intérêts des St Juériennes et St jueriens Mme Bettini très investie dans son conseil de quartier participe à la vie communale et s’inscrit dans ma liste UNIQUEMENT au titre de simple citoyenne. Sur
le plan local seule Mme Pawlaczyk (sur ma liste) est reconnue par la
section du PS elle s’inscrit également dans ma liste UNIQUEMENT au
titre de simple citoyenne. Au même titre que Mme
Bettini ça ne concerne en rien le projet que je construis, les choses
sont très claires avec l’ensemble de mes colistiers. Je
suis par contre en capacité d’écouter tous ceux qui veulent apaiser
notre ville en travaillant ensemble dans le respect de chacun. C’est une vision moderne, nouvelle et réaliste", motive la tête de liste qui indique se réserver le droit de saisir la justice si des propos ou écrits mensongers continuent à être propagés.
Nationaliser le scrutin local : soupçon de déjà-vu
Lors des élections municipales de 2014, seulement deux ans après la vague rose, Jean-Paul Raynaud avait déjà tenté de capitaliser sur la situation politique nationale. Après s'être vu refuser l'investiture par le PS, il a su profiter de la baisse de popularité du président Hollande, coiffant au poteau la liste investie par le parti au pouvoir de seulement 32 petites voix au premier tour.
Six ans plus tard, l'équipe du maire-sortant s'attend de nouveau à un scrutin des plus serrés. Depuis 2015, le bloc de gauche s'est effrité à Saint-Juéry, vampirisé par un vote de contestation extrême ainsi que par le parti LREM. Les élections législatives de 2017 sont riches en enseignement. Au premier tour, l'ensemble des voix du bloc centriste (Folliot + Laporte en dissidence) représentaient 21,05% des inscrits, suivi du bloc de gauche avec 17,69% puis du bloc de droite à 12,51%. Que s'est-il passé au second tour qui offrait un duel LREM/RN ? Philippe Folliot est arrivé en tête avec 26,78% des inscrits et le candidat d'extrême-droite a été crédité de 12,82% des inscrits. 588 électeurs soit 11,49% du corps électoral, qui avaient pris part au premier tour ont boudé les urnes.
A Saint-Juéry, le parti de la majorité présidentielle agit tel un repoussoir pour une part non négligeable de l'électorat de droite, certes minoritaire, mais véritable faiseur de roi pour nos trois candidats, d'où l'intérêt pour le maire-sortant d'associer un concurrent à LREM.
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