dimanche 1 novembre 2020

Fronde des élus albigeois contre le confinement des commerces de proximité : bravade ou ambition ?

Stéphanie Guiraud-Chaumeil et David Donnez, respectivement
maires d'Albi et de Saint-Juéry, ont annoncé leur intention de prendre un arrêté municipal pour autoriser les petits commerces non-essentiels à déroger à la fermeture imposées par le confinement. Leurs actes ne pèseront pas bien lourd face au tribunal administratif mais ils espèrent ainsi envoyer un message au gouvernement. Larmes de crocodile ou plaidoyer pour l'achalandage des quartiers ?

"Nous ne comprenons pas les mesures prises à l'encontre des commerces dits non essentiels, elles nous paraissent injuste, illicite et très dévastatrices. (...) Dès lundi matin la ville d'Albi prendra un arrêté pour permettre l'ouverture des commerces. J'en ai parlé au préfet dès jeudi pour que l’État soit compréhensif à leur égard et ne sanctionne pas ceux qui ont ouvert. Nous avons besoin au niveau national de réorganiser cette mesure (...) qui nous parait déséquilibrer, sanctionner, fragiliser encore plus ces commerces", a expliqué Stéphanie Guiraud-Chaumeil, dans une allocution diffusée sur Facebook, vendredi midi.

David Donnez, maire de Saint-Juéry, s'est exprimée quelques heures plus tard sur le même réseau social. Dans un texte, il explique envisager une démarche similaire. "Je partage et je comprends les fortes incompréhensions de la population et la colère grandissante de certains secteurs économiques, notamment les artisans et les commerces victimes d’une situation privilégiant de fait la grande distribution. Depuis le mois de mars, les acteurs économiques de la ville, au même titre que l’ensemble des Saint-Juériens, ont participé par leurs efforts continus à la lutte contre la prolifération du Covid 19. (...) Mais nous, habitants de la commune, artisans, commerçants, élus locaux, ne pouvons plus accepter aujourd’hui cette injustice qui risque d’entraîner une fragilisation de l’emploi local et à court terme la disparition de nos commerçants, si utiles notamment, au maintien du lien social. Ils sont un maillon indispensable pour réussir ce combat et endiguer les effets néfastes de cette pandémie"

Que va-t-il se passer ensuite ?

A l'instar des de ces deux maires du Grand-Albigeois, des arrêtés similaires ont été pris ou sont sur le point d'être édictés par de nombreux édiles français. Comme le confinement est une mesure qui a été prise par décret du premier ministre, les préfectures vont déferrer les arrêtés municipaux devant les tribunaux administratif et obtenir sans difficulté leur annulation. Aucun acte administratif (ici un arrêté municipal) ne peut contredire une norme plus importante (en l’occurrence le décret). Mais ça, les maires le savent déjà et indiquent qu'ils souhaitent, à travers cette démarche, envoyer un message au gouvernement pour infléchir sa position sur les mesures frappant le commerce de proximité.

Les élus qui ont annoncé leur participation à cette initiative des arrêtés de réouverture ont reçu des retours positifs de leurs administrés. Cette question de la dynamisation du commerce dans les quartiers et les centre-villes était au coeur de la campagne des élections municipales (pour mémoire à Saint-Juéry ou à Albi). Covid oblige, il est encore trop tôt pour que l'on puisse juger des nouvelles ambitions de ces collectivités qui se sont promis de revigorer leurs zones de chalandises. Stéphanie Guiraud-Chaumeil, particulièrement attaquée parce que présidente de l'agglomération depuis 2014 et donc comptable du développement des zones d'activités à la périphérie des villes de la C2A, doit donner des gages de bonne volonté. David Donnez n'est aux manettes à Saint-Juéry que depuis 8 mois. 

Quoi qu'il en soit, l'état de vulnérabilité du tissu commercial de proximité s'explique par une baisse de fréquentation constante observée ces dernières décennies en grande partie due à un manque d'adaptation aux nouvelles habitudes de consommation. Si par miracle, les élus locaux obtenaient une évolution de la position du gouvernement à leur égard pour ce second confinement, ce ne sera qu'un répit pour un secteur en souffrance quasiment toute l'année.


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